Emblème de l’essor économique textile du 19 e siècle, Roubaix, véritable ville-champignon, se caractérise par une exceptionnelle croissance urbaine et industrielle à partir de 1850. Cette position hégémonique du textile dans son économie la fragilise un siècle plus tard. Frappée de plein fouet par la désindustrialisation à l’instar des anciennes villes mono-industrielles, Roubaix connaît dès les années 1970 une baisse démographique significative avec la perte d’environ 20 000 habitants entre 1968 et 2011, passant de 115 000 à 95 000 Roubaisiens. La ville, bien qu’ayant engagé une dynamique de rénovation urbaine dans l’espoir d’enrayer le déclin économique et social, demeure aujourd’hui la troisième ville la plus pauvre de France avec 44,3 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage s’élevant à 31,5 % en 2015. L’apparent regain d’habitants ces dernières années ne suffit pas à effacer les stigmates d’une ville qui semble sur une trajectoire de déclin urbain en conjuguant pertes démographique, d’emplois et manque d’attractivité (Wolff, Fol, Roth, Cunningham-Sabot, 2013). Toutefois, cette situation assimile aujourd’hui Roubaix à « une terre d’élection pour les sciences sociales » ou encore « un laboratoire quasi expérimental » (Lefebvre, 2006, p. 19) de la ville, comme en témoigne la récente commercialisation des maisons à un euro. C’est dans ce contexte propice à l’expérimentation qu’une tentative de « projet en partage » est menée.